Le prince et la clocharde

Publié le par marie-jeanne garnier

 

   prince
 Il était une fois, dans une contrée lointaine, une gentille paysanne  qui avait une santé fragile. Elle attendait un heureux évènement mais mourut , après avoir donné le jour à une petite fille, le 7 mai 1608.

          Le père de l'enfant, rongé par le chagrin, ne put se résoudre à la garder. Pour lui, cette fille était responsable de la mort de sa femme. Il ne voulait même pas la regarder ni lui donner un nom. Il attendit la tombée de la nuit, enroula la petite  dans une couverture, la mit dans un panier et la déposa devant la porte de l'église.

          Un pauvre homme passait par là et vit le panier de loin. Pensant que des gens sans scrupules avaient encore abandonné des chats, il s'approcha pour les récupérer. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit une toute petite fille au fond du panier.

          Sans réfléchir, il l'emmena chez lui et appela sa grande fille qui cousait dans sa chambre :

          - "Noémie, viens vite voir ce que j'ai trouvé !".

          Noémie avait quatorze ans et vivait seule avec son père depuis le décès de sa maman. Il avait l'habitude de ramasser les chats et les chiens abandonnés.

          -"Quoi ! Mais c'est un bébé !"s'écria Noémie, stupéfiée.

          Elle le prit dans ses bras et regarda s'il y avait une lettre dans le panier. Mais il était vide.

           Noémie ne jouait plus à la poupée mais elle savait comment s'occuper de cette petite fille. 

          Ils décidèrent de l'appeler Larissa. N'étant pas riche, le pauvre homme trayait tous les jours la chèvre pour donner le lait à la petite. Et Noémie lui avait confectionné des habits, utilisant le tissu de ses vêtements devenus trop petits.

          Larissa, entourée de beaucoup d'amour, grandissait bien. Noémie se comporta comme une vraie petite mère pour cette enfant, lui apprenant  à lire, à écrire et à compter. Elle l'initia également aux travaux de la maison. 

          Un jour, le père nourricier de Larissa lui dit :

          -"Ma petite fille, il faut que je te dise que je ne suis pas ton vrai papa, je t'ai trouvée dans un panier devant l'église. Je n'allais pas te laisser là, comme une clocharde, je t'ai ramenée à la maison et je suis très content car tu es une bonne fille."

          Lorsqu'il parlait, des larmes coulaient sur ses joues. Cet homme, dans sa pauvreté, avait reçu plus qu' il n'aurait espéré. Une deuxième fille qui serait son bâton de vieillesse et qui s'entendait à merveille avec sa première fille, c'était une telle joie, un tel bonheur !

         Puis, Noémie, à l'âge de vint-huit ans, pensa qu'elle devait chercher un mari et avoir des enfants. Elle épousa un garçon du village qui lui faisait la cour à chaque fois qu'elle le rencontrait mais il avait quelques années de plus qu'elle. Il était gentil et semblait lui convenir.

          Avec son mari, elle s'installa tout près de la maison de son père, ainsi elle avait la visite de Larissa tous les jours. 

          Larissa, à dix-sept ans, était devenue une belle jeune femme.  Tous les hommes célibataires voulaient l'épouser mais elle n'en voulait aucun. Larissa se réservait pour le grand amour. Elle l'attendait.

          Un soir d'orage, sa vie fut bouleversée. Le roi avait donné l'ordre de mettre le feu à toutes les maisons de son village et d'enlever toutes les jeunes femmes en âge de se marier. Parmi celles-ci, il y avait Larissa. 

          Le roi les fit conduire au château et leur dit :

          -"Demain, mes servantes vous habilleront et vous coifferont. Le prince doit venir car il cherche une fiancée".

          Une petite voix demanda :

          -"Pourquoi nous ? On n'est pas de son rang."

          Le roi répondit :

          -"Il cherche le grand amour et ne l'a pas trouvé parmi les personnes de son rang mais peut-être le trouvera t'il parmi vous".

          Les jeunes femmes se couchèrent tôt pour être en forme le lendemain. Elles pensaient toutes qu'il allait choisir la plus belle, sauf Larissa qui était très en colère. Ce n'était pas bien d'enlever des personnes à leur famille juste pour satisfaire un caprice du prince.

          A neuf heures du matin, toutes les filles étaient prêtes. Très jolies dans leurs belles robes d'apparat, elles attendaient le prince avec impatience.

          Le prince arriva et commença sa quête de l'amour. Larissa s'était mise à l'écart. Le prince passant devant chacune des jeunes femmes faisait triste mine car aucune ne lui convenait. Puis, il aperçut Larissa dans un coin. Il s'approcha d'elle. Dès qu'il croisa son regard, il tomba fou amoureux d'elle mais elle lui tourna le dos et lui dit :

          -"Pourquoi avez-vous fait brûler nos maisons pour trouver une femme ?"

          Le prince lui expliqua que c'était son père qui avait décidé tout cela et lui dit aussi qu'il venait de trouver sa fiancée et que c'était elle qu'il épouserait, si elle voulait bien de lui.

          Au moment où Larissa le regarda, quelque chose se passa au fond d'elle, un trouble, une joie qui la gagnait peu à peu. Serait-ce le grand amour qu'elle attendait ? Elle n'avait jamais ressenti un tel sentiment auparavant.

          Les yeux brillants, elle lui répondit :

          -"Je ne peux pas me marier avec vous,  je ne connais même pas votre prénom."

          -"Je m'appelle Judickaël. Et vous ?"

          -"Moi, c'est Larissa. Mais je vous épouserai à une condition. Auparavant, vous devrez reconstruire toutes les maisons du village qui ont été brûlées."

          Le prince accepta. Lorsque toutes les maisons furent reconstruites, Larissa accepta de se fiancer au prince et tous les habitants du village furent invités au château, ils firent une fête qui dura huit jours. 

          Six mois plus tard, Larissa et Judickaël se marièrent. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

                              Marie-Jeanne GARNIER

Publié dans contes

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